Eva Palmans, Directrice des Programmes d’ECES et représentante d’ECES à Madagascar, va nous donner un aperçu du projet PACTE à Madagascar, en projet en soutien à des élections crédibles et transparentes à Madagascar.

 

 

 

Eva, pouvez-vous nous parler du projet PACTE?
 
Ce projet financé par l’UE a été élaboré dans un contexte de crise politique, où les élections étaient vues comme la condition nécessaire pour sortir de la crise. Les élections étaient attendues depuis 2009 et avaient été repoussées à plusieurs reprises, et ce dû à un manque de consensus politique. De plus, l’histoire électorale de Madagascar est marquée par une non-acceptation systématique des résultats et par des tensions post-élections dues à un manque de crédibilité et de transparence du processus. 

 

Dans ce contexte politique, l’objectif global du projet était de «contribuer à l’organisation d’élections crédibles, transparentes et pacifiques à Madagascar, à travers le développement des capacités des parties-prenantes au processus». Plus spécifiquement, le projet était guidé par l’idée qu’une implication significative de la société civile était la clé pour renforcer la crédibilité des élections et l’acceptation des résultats par toutes les parties. Dans cette perspective, les objectifs spécifiques du projet étaient les suivants:

 

  • le renforcement des capacités des Organisations de la Société Civiles (OSC) impliquées dans l’éducation des électeurs et l’observation électorale,
  • la formation des journalistes afin de produire des programmes de sensibilisation des électeurs,
  • la création d’une unité de veille des médias,
  • la formation des juristes à la résolution des conflits électoraux training,
  • l’appui à la consolidation des leçons apprises et des recommandations pour les réformes post-électorales.

 

PACTE est le résultat d’une mission de formulation et d’identification de six mois, mise en œuvre par moi-même avec le soutien de Fabio Bargiacchi, Directeur Exécutif d’ECES, avec le bet d’adapter les actions proposées au contexte malgache et aux besoins des parties prenantes, et de mettre en place un consortium fort, constitué d’organisations nationales et internationales. Ce consortium est mené par ECES, en partenariat avec EISA (l’Institut Electoral pour une Démocratie Durable en Afrique - Electoral Institute for Sustainable Democracy in Africa) et ERIS (Services Internationaux de Réforme Electorale – Electoral Reform International Services). Les activités ont également bénéficié des contributions du Comité National d’Observation des Elections – Education des Citoyens (KMF-CNOE), une organisation malgache active dans l’éducation des électeurs et l’observation électorale, l’Osservatorio di Pavia, spécialisé dans le monitoring des médias et l'Académie RFI-F24-MCD pour la formation des journalistes.
 

Quelles sont les activités principales?

 
Le projet est mis en œuvre depuis février 2014 pour une durée de 18 mois, et est fondé sur l’approche du cycle électoral, ce qui signifie que les activités sont dévelippées avant, pendant et après les élections. Récemment, le projet a été prolongé pour une durée de quatre mois supplémentaires, afin de consolider les leçons apprises et le soutien aux OSC pour leur travail de lobby et de plaidoyer, selon leurs recommandations pour la réforme post-électorale.

 

Dans la période pré-élections, le projet a contribué à l’organisation de compagnes d’éducation des électeurs dans les 119 districs du pays et ce en formant des animateurs afin de simuler des procédures de vote et d’organiser des débats sur l’importance des élections en projetant le film «Une élection africaine». 

 

De plus, le projet a produit des courts documentaires pour donner la parole à la population et faire entendre leur point de vue sur le contexte politique et électoral. Un documentaire d’une heure sur le processus électoral en tant que tel est sur le point d’être finalisé et servira d’outil pour organiser des débats et formations sur les leçons tirées du processus électoral de 2013 à Madagascar. 

 

Les activités d’observation ont été organisées avant, pendant et après les élections, à travers l’appui de deux plate-formes locales d’observation, qui ont rassemblé 5500 observateurs. Des formations ont été utilisées en ayant recours à la méthodologie BRIDGE pour créer un pool d’observateurs professionnels et un appui à été fourni pour le déploiement, la collecte et l’analyse des données, ainsi que l’élaboration de communiqués de presse et de rapports. Une unité de monitoring des médias a été créée pour analyser le contenu des médias avant, pendant et après les élections, en terme d’égalité de couverture des candidats aux élections, de respect de la déontologie professionnelle et pour enregistrer les programmes électoraux des candidats. Jusqu’à aujourd’hui, les activités de monitoring des médias sont conduites afin de suivre les performances des institutions élues et la réalisation des promesses électorales et les rapports sont utilisés par les OSC comme base de leurs activités de lobbying. La formation sur les conflits électoraux, visant les avocats des candidats, a apporté une opportunité de sensibilier les partis politiques et leurs conseillers juridiques sur la nécessité de respecter les lois électorales. 

 

Dans la phase post-élection, les leçons apprises et exercices de développement des recommandations ont aidé les organisations de la société civile à donner forme à leurs futures actions de lobbying vis-à-vis des autorités. Actuellement, le projet apporte un appui supplémentaire au renforcement du rôle de « chien-de-garde » des OSC comme élément crucial dans la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance.

 

De manière générale, je pourrais dire que le projet a permis d’établir un précédent positif en faveur d’une implication de la société civil dans les processus électoraux, en considérant la sensibilisation et l’observation. La partie « monitoring des médias » du projet a également eu un impact notoire dans le fait que les journalistes, éditeurs et producteurs ont compris que l’objectif éditorial des médias est lié au monitoring. Cela peut conduire à plus de nouvelles productions responsable et un plus fort degré d’auto-régulation. 

 

Comment décririez-vous une journée de travail normale avec l’équipe d’ECES à Madagascar? 
 

C’est une question difficile dans la mesure où il n’existe pas une journée «normale» de travail avec le projet PACTE! Les journées étaient, et sont encore, différentes en fonction de l’avancement du projet sur le cycle de projet mais de manière générale je peux dire que les journées de travail sont intensives dans la mesure où elles doivent répondre aux besoins du processus électoral. Mais grâce à la motivation, au professionalisme et à l’esprit d’équipe de l’équipe PACTE, la projet a pu répondre systématiquement à ces besoins. 
 


Merci Eva pour cet éclairage sur le projet !